
Pierre-Paul Riquet naît à Béziers, probablement le 29 juin 1609 (le 29 juin étant le jour de la fête des saints Pierre et Paul, ce qui justifierait le choix de son prénom, et l'année de 1609 est
déduite de son acte de décès qui mentionne qu'il est mort à 71 ans), dans une famille de notables et de commerçants. Les sources diffèrent sur sa date de naissance, laissant le doute entre 1604,
1608 ou 16092. Son père, Guillaume Riquet, est un notaire et homme d'affaires qui a fait partie du « Conseil des Trente » de Béziers.
Selon la légende familiale, il aurait fait ses études au Collège jésuite de Béziersnote (l'actuel lycée Henri-IV), puis aurait reçu une formation d'ingénieurnote.
Il se marie avec Catherine de Milhau vers 1637 qui lui donne sept enfants dont cinq parviennent à l'âge adulte (deux garçons et trois filles). Il mène une carrière prospère comme gabelou dans
l'administration des gabelles, la perception de l'impôt sur le sel (grenetier au grenier à sel de Mirepoix de 1639 à 1641, receveur du même grenier à sel en 1645, sous-fermier des gabelles de
Mirepoix et Castres en 1647 puis fermier des gabelles de Languedoc en 1661). Il s'enrichit notablement comme entrepreneur du transport du sel entre les entrepôts de Narbonne et les greniers à sel
du Haut-Languedoc. En 1652, il achète la seigneurie de Bonrepos près de Verfeil au nord-est de Toulouse et fait construire un château Renaissance à la place de l'ancien fort communal5.
Affairiste comme son père6, il est pendant de nombreuses années banquier privé, petit puis gros prêteur, puis, aspirant à l'anoblissement, se lance dans un grand projet, la construction du canal
du Midi. La légende veut que son père, Francois-Guillaume Riquet, se soit opposé au début du siècle à la construction d'un canal reliant l'Atlantique à la Méditerranée. Le projet de Bernard
Arribat, comme tant d'autres, ne parvenait pas à résoudre le problème de l'approvisionnement en eau du canal.
Pierre-Paul Riquet passe cet écueil grâce à sa connaissance de la montagne Noire environnante et en reprenant le projet de Thomas de Scorbiac, conseiller à la Chambre de l’Édit de Castres dont le
père et le grand-père en auraient déjà fait la proposition. Il connait un point de partage — le seuil de Naurouze — déjà identifié par ses prédécesseurs, de part et d'autre duquel les cours d'eau
s'écoulent soit vers l’océan Atlantique, soit vers la mer Méditerranée. Riquet y positionne le point culminant du canal, à 48 mètres au-dessus du niveau de la Garonne.
Le 15 novembre 1662, Pierre-Paul Riquet propose son projet à Colbert sur l'injonction de l'archevêque de Toulouse, Charles-François d'Anglure de Bourlemont. Il avance des arguments économiques
(enrichir le Languedoc, notamment en développant le commerce du blé) et politiques (canal suffisamment largenote pour faire passer les galères du roi en évitant de passer par Gibraltar, évitant
ainsi l'Espagne et les Barbaresques). Quelques mois plus tard, le ministre nomme des commissaires chargés d'étudier la faisabilité de l'ouvrage. Après qu'une rigole d'essai entre le torrent de
l'Alzeau, sur le versant méridional de la Montagne Noire, et le seuil de Naurouze a été réalisée avec succès, une première tranche des travaux est confiée par Colbert à Riquet (édit royal
d'octobre 1666 qui décrète le début des travaux au 1er janvier 1667).
Durant toute la durée des travaux, et profitant de sa fonction de fermier général des Gabelles de Languedoc et Roussillon, Riquet investira sur ses fonds propres deux millions de livres, sur un
projet estimé entre 17 et 18 millions de livres de l’époque et qui constitue le deuxième chantier du royaume après celui du château de Versailles. En contrepartie, il reçoit les droits de péage
du canal et bénéficie des retombées des échanges commerciaux, ce qui ne l'empêche pas d'être fortement endetté (en raison des retards de paiement de Colbert, les finances de l'État en guerre
étant au plus bas), à tel point qu'à sa mort ses héritiers devront vendre la moitié de leurs parts du canal.
Lorsque son ouvrage est mis en doute, Riquet fait preuve d'une étonnante ténacité, allant jusqu'à désobéir aux ordres de Colbert. Ainsi, il n’hésite pas à détourner des ouvriers pour faire
percer, malgré les ordres royaux, l'improbable tunnel de Malpas.
L'audace de Pierre-Paul Riquet n'est pas seulement technique, il s'entoure d'hommes compétents comme François Andréossy, son cartographe et dessinateur technique. Il est aussi le premier à
instituer la mensualisation des salaires et la sécurité sociale pour ses ouvriers (même malades ou s'il pleuvait, ils étaient payés) afin de les fidéliser.
Il propose également un projet de construction d'un canal de la Loire au château de Versailles pour alimenter le parc de Versailles, gros consommateur d'eau. Il obtient une oreille favorable de
Louis XIV, mais l'abbé Picard, chargé par Colbert de vérifier la viabilité du projet démontre grâce à son nouveau niveau à lunette l'impossibilité du projet : la Loire est plus basse que le
domaine de Versailles, contrairement à ce que pense Riquet.
Atteint de goutte et souvent victime d'accès de fièvres quartes caractéristiques d'un paludisme dégénérant, Riquet associe à la construction du canal son fils ainé, Jean-Mathias, qui est souvent
son intermédiaire auprès de Colbert. Pierre-Paul Riquet meurt à Toulouse le 1er octobre 1680, dans son hôtel de Frascati6, avant la fin des travaux du canal du Midi. Ses deux fils achèvent
l'ouvrage (Jean-Mathias en prenant la direction), inauguré un an plus tard, en 1681.
Pierre-Paul Riquet est inhumé dans la cathédrale Saint-Étienne de Toulouse dans un caveau voûté accessible sous une dalle au sol aux inscriptions difficilement lisibles. Une plaque commémorative
sur le pilier rappelle néanmoins sa présence.
Sourcz Wikipedia
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